Ruée vers les urées améliorées
Soutenus par les prochaines contraintes réglementaires, les inhibiteurs séduisent. Mais ils font l'objet d'une saisine de l'Anses.
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Les engrais protégés et/ou stabilisés, qu'ils aient un rôle d'inhibiteur d'uréase, de retardateur de nitrification ou de libération contrôlée, constituent un marché en nette croissance. En dehors des effets bénéfiques contre la volatilisation ou le lessivage, ces produits ont permis aux distributeurs de retrouver de la marge dans un secteur sinistré. Selon Solvay, un des fournisseurs de l'additif NBPT, les inhibiteurs d'uréase représentaient 15 % du marché de l'urée en 2016. Et ils poussent les ventes d'urée qui, selon l'Unifa, représentent désormais 25 % du marché des azotés simples. Gilles Duquesnoy, DG d'Amaltis, qui dispose depuis un an d'un atelier d'imprégnation d'urée, et multiplie les partenariats (BASF, InVivo, Yara), ironise : « Les producteurs d'ammonitrate nous aident bien », en référence à la répétition des arrêts temporaires d'un certain nombre d'usines.
Dans ce contexte porteur, l'annonce en mars du rachat du Nexen de Koch, qui dominait ce marché d'environ 250 000 t, par InVivo, déjà détenteur du Novius, en a surpris plus d'un. Mais comme en Angleterre il y a quelques années, Koch, qui pensait tout casser en France, aura finalement pris la poudre d'escampette. « Le Nexen n'a pas gagné assez d'argent pour compenser les pertes du reste de l'entité », juge un observateur.
L'urée dans le viseur
En absorbant un concurrent du double de lui (Novius représentant 60 000-80 000 t et Nexen 120 000-150 000 t), le département fertilisants d'InVivo, aujourd'hui FertiLine, se doit de faire cohabiter les deux. « On ne fait pas de Nexen là où on fait du Novius », balaye Éric Pietravalle, ex-Koch et nouveau directeur de FertiLine depuis le départ en retraite de Dominique Villette. FertiLine continue d'acheter le NBPT à Koch pour la production du Nexen sur les sites de Grand-Couronne et de Sète récupérés à l'américain. Et pour le Novius, InVivo achète à Solvay le NBPT, revendu aux distributeurs via neuf ateliers d'imprégnation. Au vu des premières remontées, InVivo semblerait avoir reconduit les tonnages du Nexen.Toutes ces urées améliorées ont le vent en poupe, aidées par la directive européenne sur la qualité de l'air, et sa déclinaison française, le Prépa, qui a l'urée solo dans le viseur. Interdiction ou taxation additionnelle ? La décision n'est pas encore prise, le sujet n'ayant pas bougé depuis sa parution en urgence à la fin de la précédente mandature. Excepté un guide de bonnes pratiques en cours d'élaboration. « Même s'il n'y a aucune application concrète à ce jour, la seule certitude, c'est que la réglementation favorisera les formes d'azote aux potentiels de volatilisation les plus bas », estime Jean-Luc Pradal, DG de Fertiberia. Déjà, outre-Rhin, dès la prochaine campagne, l'urée ne pourra plus être utilisée qu'en enfouissement ou traitée avec des additifs.
Plutôt confiants
Malgré tout, en parallèle, l'Anses a été saisie le 28 février pour évaluer les risques environnementaux et sanitaires liés à l'exposition aux inhibiteurs d'uréase et de nitrification. L'avis de l'agence sera déterminant pour la suite à donner au Prépa. « Au vu des données scientifiques produites par Koch sur le Nexen, on est raisonnablement confiant », estime Éric Pietravalle. Et de rappeler que le NBPT est enregistré dans le règlement européen relatif aux engrais ainsi que dans le futur règlement harmonisé. Idem pour David Guignard, DG d'EuroChem Agro France (Entec, Utec 46) : « Étant donné les objectifs européens en termes de qualité de l'air, on aura besoin de tous les leviers pour y parvenir. »
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